SRI LANKA
Récit écrit en 1992
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Une première approche, grâce à un voyage de comité d'entreprise, de l'lle aux Épices.
Tout a commencé lors d'un week-end entre amis à Annecy. Une amie de Strasbourg lance : "Tiens, mon comité d'entreprise organise un voyage au Sri Lanka à des prix défiant toute concurrence." Nous nous regardons et, dix minutes après, la décision est prise : nous partons tous. Aucun d'entre nous ne connaissait ce pays, nous étions même incapables de le situer sur une carte.
Un mois plus tard, décembre 1991 , nous arrivons sur Colombo en plein orage. Atterrissage mouvementé mais réussi.
Dans notre esprit, Sri Lanka égale soleil. Nous sommes partis d'Annecy sous la neige, de Paris, sous la pluie pour arriver à Colombo... sous la pluie ! Surprise La différence, se ressent dès la descente de l'avion, un gros coup de chaleur 30° C. Transfert en car jusqu'à Colombo et premiers étonnements : la conduite locale ! Surprenante ! Coups de klaxon, coups de freins et accélérateur bloqué à fond... Le sourire des gens qui se promènent sous la pluie battante, et notamment celui d'un cycliste totalement recouvert d'eau au passage du car et serré contre le fossé !...
Après un repas merveilleux, nous passons notre première nuit au Lanka Oberoi, un magnifique hôtel. A cause du retard de l'avion, pas de visite de Colombo. Le lendemain matin, départ pour un périple de 1 000 km en 5 jours en car. Inquiétant ! Surtout lorsqu'on connaît l'état des routes. Premier arrêt, Negombo, ville de pêcheurs. Le car stoppe près du marché au poisson, sur la plage. Un malaise nous envahit car nous sommes harcelés par des dizaines de personnes réclamant de l'argent, des stylos, des bonbons. Ce premier contact avec les Sri-Lankais nous inquiète un peu. Nous repartons et nous commençons à apprécier la conduite de notre chauffeur qui, malgré vaches, piétons, cyclistes, camions, voitures, bus, éléphants, chars à boeufs et autres animaux présents sur la route, conduit sans à-coups et en gardant un bonne moyenne ! Impressionnant ! Le paysage est magnifique malgré un temps orageux. Nous visitons bien entendu les grands sites archéologiques comme Anuradhapura (500 ans avant JC) et Polonnaruwa (capitale du Xle au Mie siècle). Le fabuleux rocher de Sigiraya s'élève à 200 mètres au-dessus de la plaine. L'escalade de ses 2 000 marches nous permet d'avoir une vue fabuleuse sur la jungle. Lors de la visite, de nombreux enfants guides parlant anglais, et aussi pour certains français, allemand, italien, cherchent à vous accompagner pour vous aider et vous commenter la visite. Si vous les évitez jusqu'aux, fresques (au milieu de la montée) vous êtes tranquille jusqu'au sommet. A noter qu'ils "s'attaquent" plus volontiers aux filles et que celles qui en ont pris un n'ont pas été déçues par leurs explications. Nos visites continuent par des sites tous plus merveilleux les uns que les autres mais ce qui nous a le plus marqué, c'est d'une part la beauté des paysages et le peuple du Sri Lanka. Notre première impression de gêne a disparu. Nous réussissons à avoir un dialogue avec les enfants, les adultes étant très discrets et pudiques. Partout sur notre route, les gens nous font des signes d'amitié. Le soir du réveillon de Noël (fêté au Sri Lanka) des surprises nous attendent. Une mauvaise : alors que l'hôtel a prévu une animation avec orchestre, après le repas tous les clients ont disparu dans leurs chambres ! De bonnes aussi avec Nilan (notre guide), nous mettons l'ambiance et vers 2 heures du matin, le directeur de l'hôtel (un Tamoul) vient danser avec nous et autorise le personnel à le rejoindre. Nous nous retrouvons au milieu d'une centaine de personnes (Cingalais et Tamouls) déchaînés qui dansent en se bousculant dans tous les sens, comme dans les boîtes de nuit en Occident, sur du punk. Totalement irréel pour des gens d'ordinaire si réservés et pudiques... Vers 3 heures et demie du matin, nous jetons Nilan dans la piscine et nous y passons tous après lui, en compagnie de quelques serveurs. Aux alentours de 4 heures et demie, nous finissons la nuit en prenant le thé devant un de nos bungalows.
Une heure de repos et nous repartons pour une exaltante journée avec une petite marche, la visite d'un temple, d'un jardin d'épices, et une rencontre avec un éléphant sur la route de Kandy, ville au centre de l'île, où le moderne côtoie l'ancien (voiture japonaise et char à bceufs) avec beaucoup plus de discrétion qu'à Colombo. Le lendemain, nous attaquons (c'est le mot !) la montagne avec ses plantations de thé. Le paysage est merveilleux avec ses cultures à perte de vue. Aucune parcelle de terre n'y échappe, minutieusement entretenue. Les gens sont encore plus souriants et aimables. Plus d'agression pour de l'argent mais seulement des gens qui viennent avec leurs enfants pour voir notre car et ses décorations de Noël. Nuwara Eliya, sera un de mes coups de foudre. Cette ville à 2 000 mètres d'altitude semble importée d'Angleterre, avec un golf magnifique, des hôtels dignes d'Agatha Christie, vestiges de la colonisation anglaise. À noter qu'il y a 85 % d'humidité et que la température est d'environ 15° C, ce qui surprend, puisque quelques heures plus tôt, plus bas, il faisait le double ! Nous sortons le soir après le repas avec notre guide. Dans le village, nous découvrons un magasin tout ce qu'il y a de plus "british" au milieu des échoppes typiques du Sri Lanka. Nous dégustons des crêpes (excellentes) à la noix de coco, entourés de publicités de Rambo, Schwarzenegger, George Michael alors que pratiquement personne n'a la télévision et qu'il n'y a pas de cinéma à des centaines de kilomètres à la ronde.
Notre séjour se terminera par un jour et demi de "farniente" à Hikkadawa au bord de l'océan Indien. Là encore, le personnel de l'hôtel CORAL GARDEN est fabuleusement serviable. Les cocktails de fruits frais sont servis au bord de la piscine, tellement chaude qu'on y entre sans aucun problème. Soleil de plomb, plage avec palmiers, surfeurs... Que demander de plus ? Le soir, nous sommes partis dans Hikkadawa, vers 23 heures, sans aucun sentiment d'insécurité au milieu de ces gens qui nous saluent.
La conclusion de ce voyage trop court est que le Sri Lanka est un pays merveilleux. La beauté des paysages nous a séduits. On passe en quelques heures de la montagne et ses 15°, à la mer et ses 40°, de la noix de coco au thé, en passant par les rizières et les mines de pierres précieuses... La cuisine (dans les hôtels) est excellente, un peu aménagée pour le palais des touristes car supporter de manger aussi épicé que les Sri-Lankais n'est pas donné à tout le monde ! (J'ai testé avec notre guide : un morceau de viande m'a suffi pour me brûler !) Nous sommes tous tombés amoureux des Sri-Lankais (Cingalais ou Tamouls), de leurs sourires permanents, de leurs bonjours sur notre passage, de leur politesse, de leur serviabilité, de leur débrouillardise. En huit jours, nous n'avons jamais vu de gens s'engueuler, se battre. Même les policiers, les militaires ont un grand sourire aux lèvres ! Notre guide, Nilan, un Cingalais chrétien est devenu un ami, son humour caustique, ses jeux de mots en français (alors qu'il n'a passé que trois mois en France) nous ont séduits et la séparation avant l'aéroport n'a pu se faire sans quelques larmes de part et d'autre. 9 000 km, ça fait loin... Mais nous nous sommes promis de retourner dans ce pays sans circuit, à l'aventure, pour mieux connaître ce peuple, car une impression d'inachevé demeure en nous.
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